Que demander de plus que de terminer la saison sportive par les championnats de France de trail court, et tout particulièrement cette année dans le splendide cadre de Val d’Isère ? La course promettait d’être exigeante, avec ses 33 km, mais surtout ses 2600 m D+ entre 2000 et 3000 m d’altitude et 3 cols à plus de 3000 m. Elle a effectivement tenu toutes ses promesses, comme ont pu le vivre de l’intérieur les trois représentants du Pays de Nemours Running Trail : Thierry, Hervé et Fabrice.


Thierry s’était bien préparé en arrivant sur place une semaine avant la course. Il a cependant dû faire un aller-retour entre Bourg-Saint-Maurice et Bourg-La-Reine (disons plutôt la région parisienne). Sans des problèmes d’ampoules sous les pieds qui l’ont très fortement ralenti dans la dernière longue descente, il aurait certainement pu améliorer sa place qui est déjà très honorable (13ème dans sa catégorie).
Hervé a tenu son rang dans les montées pentues mais a joué la prudence dans les descentes, avec une vision amoindrie. Il termine ébloui par les paysages époustouflants de la vallée de la Tarentaise.
Mais l’homme du jour est bien Fabrice : ancien chasseur alpin, il connaît par cœur cette région. Hervé a pu bénéficier de toute son expérience. Arrivé sur place trois jours avant la course, Fabrice avait suggéré avec justesse de loger à Tignes-le-Lac (2100 m) pour s’habituer à l’altitude (à noter que certains élites étaient sur place depuis un mois, mais il ne faut pas mélanger les catégories). Le vendredi fut consacré à la reconnaissance du parcours, en tout cas de toutes les parties accessibles en voiture. Reconnaissance indispensable pour avoir une vision 3d du parcours et des repères stratégiques. Autre fait marquant : la rencontre à deux reprises avec Serge, un Savoyard qui a des prédictions météorologiques bien plus fiables que ce que peuvent établir les modèles actuels. Pour preuve, tout en habitant dans une autre vallée, il nous a assuré que la pluie ne viendrait qu’en fin d’après-midi le dimanche : ce fut effectivement le cas.

Fabrice savait que la course serait compliquée pour lui. Il avait suivi les conseils de Laurent M. avec seulement du vélo pendant les quinze jours précédant l’épreuve, mais ses douleurs se réveillaient dès l’échauffement et s’accentuaient pendant les seuls 2.5 km très roulants du début de course. Après un virage à droite, les coureurs attaquaient un km vertical (sur 4 km de distance), avec des passages à 30%. Pas question de doubler : il fallait suivre la longue file des coureurs qui progressaient vers le premier col à plus de 3000 m. Les coureurs découvraient alors un lac l’altitude, avec au fond la Grande Sassière. Première descente et nouvelle ascension plus facile de 500 m D+, avant la première longue descente (1000 m D-) vers le village du Fornet. Et là, Fabrice chute violemment. Il finit par se relever tout tordu. Il était si simple de mettre le clignotant à droite et de regagner Val d’Isère par la route. Mais ce ne sont pas dans les habitudes de Fabrice d’abandonner une course. Il savait par la reconnaissance du vendredi qu’il fallait contourner le village du Fornet avant d’entamer une longue montée vers l’Iseran. Cette partie plus roulante convainquit Fabrice de repartir, avec des objectifs successifs : sortir de la forêt, traverser une première fois la route, gagner le col de l’Iseran et rejoindre le second ravitaillement. Après le col de l’Iseran, peut-être la partie la plus spectaculaire de la course arrivait : après 25 km de course, il fallait encore gravir 200 m D+, dans les pierriers et les névés, entre 2800 et 3000 m D+, avec des parties à 30%, pour atteindre le tunnel 3000 et traverser la montagne (sur une distance de 60 m) avant de basculer sur l’autre versant. Une petite via ferrata, hors GR, mais empruntée par le trail des 6 cols. Ne restait plus qu’à descendre (avec 3 petits cols) pour regagner Val d’Isère. Et cette partie restera la plus compliquée pour Thierry, Hervé et Fabrice. Les écarts en temps deviennent spectaculaires avec les coureurs les plus rapides. Pour avoir un élément de comparaison, le vainqueur était en moyenne à 15.2 km/h dans les derniers 500 m D-, alors que les virages étaient très serrés et la descente technique. Comme le soulignait Myriam V. en regardant la course en direct sur l’Equipe 21, elle avait peur pour les coureurs. Nul autre que Fabrice aurait abandonné plus tôt. Mais il a franchi la ligne d’arrivée, tordu et heureux d’avoir pu terminer cette course exceptionnelle.


Que retenir de cette fabuleuse expérience ? Tout d’abord un séjour très convivial à Tignes et sa région. La rencontre amicale avec Lionel, ancien athlète du PNRT, et toujours au top en M6. Laurent M. avait prévenu : le souffle serait court. Ce sont aussi les paysages qui étaient à couper le souffle. Il faut bien reconnaître qu’il n’est pas réellement possible d’être compétitifs en s’entraînant en plaine, mais Thierry, Hervé et Fabrice ont terminé la course. Laurent les a préparés au mieux avec ce qui était faisable. Les ascensions se sont plutôt bien passées. La séance de bâtons à Villers-sous-Grez aura été déterminante. Et le mental a permis de surpasser toutes les difficultés. La reconnaissance d’avant course aura aussi été importante. Ce n’est pas l’enfer des descentes que l’on retiendra mais le cadre paradisiaque.
Que Fabrice soit vivement remercié par Thierry et Hervé pour leur avoir fait découvrir de l’intérieur une si belle région. Merci une nouvelle fois à Laurent M. pour avoir relevé avec brio ce nouveau challenge de préparer 3 athlètes à la haute montagne, là où le Gréau culmine à 110 m au-dessus de la mer.
Rendez-vous l’an prochain pour les championnats de France, cette fois-ci pour s’attaquer au Mont Ventoux.
Résultats (33 km, 2630 m D+, 781 finishers sur 850 engagés) :
- Thierry Ségerie, 423ème en 5:21:48 (13ème M4H)
- Hervé Chauris, 587ème en 6:03:39 (37ème M3H)
- Fabrice Giudicelli, 755ème en 7:40:36 (21ème M6H)