Anne-Marie Chèvre, le 8 avril, Paris.
« En septembre 2015, je décide de m’inscrire pour la 1èrefois de ma vie dans un club d’athlétisme avec l’idée un peu folle et secrète d’un jour faire un marathon.
En septembre 2017, je me lance, je m’inscris au Marathon de Paris 2018. Je l’annonce à Laurent, mon entraineur qui démarre mon plan d’entrainement dès janvier. Une préparation précise, longue, parfois difficile vu les conditions météo et la solitude lors de nombreuses séances à la nuit tombée. Laurent me suit de façon rigoureuse mais toujours bienveillante.
Et le jour J arrive enfin !
A 8h30, me voilà sur les Champs Elysée, prête pour le départ sous un soleil radieux. La chaleur m’inquiète un peu, ça me change de mes sorties par températures négatives ou sous la neige !
A 9h20, le départ du sas des 4h est donné, je mettrais 15 min à m’élancer à mon tour.
Quel plaisir de descendre les Champs Elysée au milieu de cette foule qui nous encourage, dans cette ambiance de fête.
Au 2èmekm, je suis déjà en nage, nous avons le soleil de face. Au 5èmekm à Bastille, je vois ma famille, ça me booste, je suis dans la bonne allure, je pense à m’hydrater régulièrement, je suis super bien.
10èmekm, on arrive dans le bois de Vincennes. J’espère y trouver un peu de fraicheur… c’est raté mais le 2èmeravitaillement est déjà là et j’apprécie l’eau fraiche distribuée, mais surtout la zone d’épongeage et les bassines d’eau pour se rafraichir et les lances pompiers qui font office de brumisateurs géants. Au top l’organisation !
15èmekm, je suis bien dans ma course. J’atteins le semi, je suis toujours régulière dans mon allure, sereine. Nous sommes nombreux, parfois la chaussée se rétrécie, il faut constamment doubler d’autres coureurs, anticiper sa trajectoire. Ça use un peu. C’est difficile de suivre la ligne verte …
Au 22ème, une pause pipi s’impose. Pas d’attente aux toilettes, contrairement au départ ou j’ai dû appliquer le plan B, suggéré par Vincent B JÇa ne me prend qu’une minute. C’est l’inconvénient d’être une fille !
Arrive le 25èmekm. Je commence à avoir les jambes un peu lourdes et inexorablement, je ralentis. De 5’40’’ je passe progressivement à 6’10’’, 6’20’’.
L’arrivée sur les quais m’apporte un peu de fraicheur, sauf sous le tunnel du quai Branly qui est long, sombre, bruyant. Il y fait très chaud.
Au 29ème km, je vois la tour Eiffel, je cherche Nathan qui va m’accompagner jusqu’au 42ème km. Il se colle à mon allure, qui baisse encore un peu.
Nous entrons dans le bois de Boulogne. Je vois une jeune femme, qui a « tapé le mur », elle s’effondre. De plus en plus de personnes, s’arrêtent, marchent… Ici, il y a peu de gens pour nous encourager.
Je reste dans ma bulle, je me concentre sur ma course. Mon fils m’envoie plein de pensées positives. Si les jambes sont lourdes, la motivation ne faiblit pas. Je cours pour moi, pour ceux qui manquent de souffle, pour « Vaincre la Mucoviscidose », pour Sophie.
Je ne lâche rien et je commence à penser à l’arrivée.
Plus que 8 km, c’est juste 4 tours des rochers Gréau, plus que 6, 4… 2 km. Qu’il est long ce « dernier tour des rochers Gréau, même si je relance un peu sur le dernier km.
Enfin arrive le 42èmekm. Nathan sort de la course. J’accélère, je veux passer sous la barre des 4h15…
Je ne vois pas mon mari et mes enfants qui crient mon nom, je ne vois que la ligne d’arrivée et l’arche qui indique : I did it !!!
Oui, je l’ai fait. J’ai fini mon 1ermarathon en 4h14’44’’, sous un jour radieux, accompagnée de ceux que j’aime, suivie par ma famille, mes amis, mes copines et copains du PNRT, mes collègues…
Et là, ça tangue… je m’accroche à une barrière, je reprends un peu de force et j’avance pour aller chercher ma médaille et mon teeshirt de finisher. »
J’ai réalisé un rêve. Je suis marathonienne.